Comité exécutif de la CES (26-27 mars 2024)

Nouvelles

03.04.2024

Communiqué

 

Les 26 et 27 mars 2024, les organisations membres de la Confédération européenne des syndicats (CES) se sont à nouveau réunies à Bruxelles à l'occasion de la réunion du Comité exécutif. En présence d'invités tels que Nicolas Schmit, tête de liste du Parti socialiste européen, Bas Eickhout, tête de liste du Parti vert européen, et Mario Draghi, la réunion était cette fois placée sous le signe des élections européennes qui se tiendront en juin.

 

Dans son intervention, Nicolas Schmit n'a pas manqué de souligner les progrès considérables que l'UE a réalisés ces dernières années dans le domaine de la politique sociale. Tout recul ou toute stagnation dans les initiatives de l'UE en matière de politique sociale au cours du prochain mandat ne ferait que mettre en péril l'avenir et la cohésion de l'Union. Selon lui, il y a toutefois encore une grande marge de manœuvre en ce qui concerne la qualité des emplois. Ainsi, les droits des travailleurs devraient davantage être renforcés, notamment le droit à la formation tout au long de la vie, l'égalité et l'inclusion, le droit à une retraite adéquate, le bien-être mental ainsi que la santé et la sécurité au travail.

 

Sur la transition verte il a été réaffirmé que l'Europe devait investir massivement dans ce domaine. Ne pas investir maintenant, c'est prendre le risque de voir des entreprises s'installer en dehors de l’Europe. Les États-Unis nous ont montré l'exemple : avec le « Inflation Reduction Act » (IRA), un vaste programme de soutien, le gouvernement américain attire les investissements des entreprises du monde entier dans le domaine du climat grâce à des incitations fiscales massives. Bas Eickhout, tête de liste des Verts, a également pris la parole sur cette question, mettant en avant la nécessité pour l'Europe de mettre en place un programme d'investissement européen ambitieux ainsi qu'une véritable politique industrielle européenne. C'est la seule manière de garantir la compétitivité de l'industrie européenne. Or, cette transition verte, a-t-il été rappelé, doit avant tout être juste et garantir de bonnes conditions de travail aux salariés. Pour y parvenir, le renforcement des conventions collectives doit être une priorité. Il en va de même pour la transition numérique, qui se poursuit à un rythme effréné et qui nécessitera également des investissements substantiels dans les années à venir. Sur ce point, il a été précisé que cette transition ne devrait en aucun cas entraîner une détérioration des droits et des acquis sociaux. Au contraire, il faudra créer un cadre laissant à la fois suffisamment de place à l'innovation et au progrès technologique, tout en garantissant et en protégeant les droits des travailleurs.

 

Sur la question de la compétitivité, Mario Draghi a brièvement présenté le futur rapport sur la compétitivité de l'UE qui est actuellement en préparation. À cet égard, les syndicats ont surtout fait comprendre que l'argument de la compétitivité ne devait à aucun moment être utilisé pour justifier le démantèlement des acquis sociaux.

 

La question de l'accord sur la réforme de la gouvernance européenne conclu le 10 février 2024, également à l'ordre du jour, a aussi fait l'objet d'intenses débats. Le mouvement syndical européen a pointé du doigt la faiblesse de l'accord, notamment en ce qui concerne les investissements et la transition juste. Plus inquiétantes encore pour la CES, sont les coupes budgétaires auxquelles plusieurs États membres seront confrontés. Non seulement ces pays ne seront pas en mesure d'investir dans des secteurs clés, mais ces restrictions budgétaires auront également un impact négatif sur les conditions de vie des travailleurs, les salaires, les services publics et les pensions. Sur ce dernier point, la CES a d'ailleurs présenté un projet de résolution, dans lequel elle se prononce en faveur d'une politique des pensions équitable et inclusive et d'un vieillissement dans la dignité. Dans ce texte, la CES demande entre autres davantage d'investissements dans les soins de santé préventifs, les soins de longue durée et le logement décent, l'indexation complète et la revalorisation des pensions, un accès équitable et plus rapide aux pensions pour ceux qui effectuent des travaux pénibles, ainsi que des régimes de pension minimums adéquats qui permettent aux personnes de vivre dans la dignité.

 

Enfin, la CES a réitéré son appel aux syndicats nationaux à se mobiliser dans le contexte des élections européennes et à s'engager pour une Europe sociale unie. Ces élections doivent aboutir à la désignation d’un Parlement qui s'engagera pour une Europe juste, avec des emplois sûrs, des salaires adéquats, des services publics de qualité, l'égalité pour tous, des droits des travailleurs renforcés et un renforcement de la négociation collective et du dialogue social.

 

 

Communiqué par le SECEC le 3 avril 2024.